"L'Immeuble Yacoubian" de Marwan Hamed

Marwan Hamed, un réalisateur qui marquera certainement le cinéma égyptien par un film différent de ceux qui pullulent et polluent nos écrans de cinéma. Le film n'est autre que « L'Immeuble Yacoubian » sorti le 28 août en France.

Comme son nom l'indique, ce film prend pour décor un immeuble mythique construit en 1930 et abritant durant la période que relate le film, celle de Nasser, une panachée de personnages reflétant ainsi la diversité et complexité que connaissait l'Égypte. Dès le début du film, on se rend compte de l'humour intelligent, sarcastique parfois, qui va régner sur le reste des scènes et de l'atmosphère nostalgique qui nous accompagnera jusqu'à la fin. A l'affiche du film, rien de tel que le valeureux Adel Imam pour donner au personnage d'un pasha vivant dans les souvenirs du passé une profondeur sans égale. Dans le rôle d'habitants de l'Immeuble on retrouve de grands acteurs tel que Nour El sherif, Yousra et d'autres accompagnés de jeunes talents, comme Hend Sabry et Mohamed Imam qui nous livrent un drame enveloppé d'émotions. Il est impossible de ne pas s'attacher à ce vieux pasha nostalgique de sa jeunesse imprégnée par la France, ou au jeune Taha victime de discrimination sociale, ou encore à la pauvre Bothayna victime de la perversité de ses employeurs. Traitant plusieurs thèmes tel que l'Islamisme, la corruption, le harcèlement sexuelle, ainsi que le gouffre existant entre les couches sociales, il sort de son cadre temporel passé, pour exposer des problèmes qui persistent toujours pas uniquement en Egypte mais aussi dans un bon nombre de pays arabes. Sur une musique douce de chansons anglaises ou françaises notamment Edith Piafon se retrouve liés émotionnellement à l'histoire, impliqué dans les scènes d'amour, de rage, ou encore de désespoir.

Il faut signaler que le film est tiré du livre du même nom écrit par Alaa El Aswany, qui a réussit non seulement à nous éclairer sur le quotidien égyptien, mais sur des modes de vie et de pensée d'une Égypte hétérogène. En attendant que le cinéma égyptien nous ponde un autre chef d'œuvre, « L'Immeuble Yacoubian » reste un film à voir, et surtout à déguster.